F. Drieu : douceur et " profondeurs"

par LSA IDF / 28 mars 2021 à 10:29 Mise à jour 22 juin 2021 à 13:47

Le fond et la forme 

L'entraîneur national du Pôle France athlétisme adapté, spécialité sprint est un fonceur qui sait prendre le temps de la réflexion. Bâtir, c'est combattre cette profonde conscience de l'éphémère. Le sport a été un vecteur d'équilibre pour cet éducateur qui a trouvé sa voie en façonnant son destin :" Le foot dans la cité de Vitry-sur-Seine a bercé mon enfance avec ce brassage multiculturel très structurant."

Quand le manuel ouvres ses manuels

Les bons souvenirs s'étendent au cadre familial " Les limites mises par ma famille ont été hautement éducatives. Cela m'a formé, m'a structuré." Tout roule pour le jeune Fred qui s'oriente vers un BTS génie électrique. Là aussi le courant passe avec la filière technique qui lui permet de se réaliser, de se construire. "J'ai toujours aimé toucher à tout, très intéressé par le manuel" Le départ dans la vie est bon, il ne lui reste qu'à sprinter lui qui a venu à l'athlé sur le tard mais qui courait le 100 m en moins de 11 secondes.

Le feu de la passion pour l'ancien Pompier de Paris


Il devient entraîneur de Bernay en Normandie, travaille en raffinerie à Gravenchon puis signe pour 5 ans pour les Pompiers de Paris "J'ai toujours aimé être au service des personnes." Il entre ensuite dans la filière éducative en étant éducateur sportif à l'IME de St Pierre les Elbeuf : "J'ai eu l'impression sur la fin de mes 17 ans d'éducateur d'avoir fait le tour. Il fallait me remobiliser car je m'essoufflais"

Un bon tandem avec Vincent Clarico


Il entre en 2015 à la FFSA comme accompagnant du haut niveau. "Je crois posséder cette disposition pour accompagner des personnes." Le tandem qu'il forme avec Vincent Clarico l'entraîneur technique du sprint fonctionne parfaitement. Frédéric semble être tombé dans le milieu du handicap un peu par hasard :" J'ai passé mes diplômes mais j'ai aussi beaucoup appris sur le terrain. La norme n'a pas de sens et il faut faire autrement en s'adaptant aux singularités qui se présentent." Le langage est clair, la démarche aussi :" Le pédagogue doit s'adapter à un public et non le contraire. On regarde, on cherche des solutions, on s'adapte et on permet à l'athlète de s'exprimer avec ce qui est bon pour lui. "

Le courant passe avec Charles-Antoine Kouakou


On sent que la relation entraîneur-entraîné va bien au-delà de la technique sportive. Fred accorde une grande place à l'humain, à l'humour aussi. Aux championnats d'Europe à Nantes, il a trouvé les clés pour permettre à Charles-Antoine Kouakou de profiter du bagage technique dispensé par Vincent Clarico. Résultat : deux titres européens, deux records du monde et un billet qualificatif qui devrait ouvrir sur les Jeux paralympiques de Tokyo : " Avec Vincent nous sommes là pour lui, on l'accompagne dans ce projet commun pour aller ensemble au même endroit. Le sportif ne m'appartient pas."
Homme curieux, ouvert sur le savoir et sur la relation à l'autre, il concède en souriant toute fois :"J'ai un gros défaut, j'évolue souvent en fonction de mon humeur et mes envies." Le tandem Clarico-Drieu carbure à plein :" Nous sommes complémentaires, Vincent est extrêmement pointu sur le plan technique et moi je me situe sur le plan éducatif. Je n'irai jamais remettre en question sa vision de technicien."

Un amoureux de la plongée sous-marine


On peut dire que les deux compères naviguent en eaux calmes. L'eau, élément de plénitude de Fred :" La plongée sous-marine est ma passion depuis tout gosse. C'est un sport émotionnel fabuleux. On peut entrer dans son schéma cognitif. Je m'éclate à 20 m en prenant des photos, de la vidéo. C'est mon élément de plénitude. Je peux même passer trois jours au salon Porte de Versailles pour découvrir, parler, regarder les nouveautés. " Là, en slalomant autour des stands, Fred redevient un gosse. Celui au passé émerveillé par son premier baptême de plongée à l'âge de 10 ans avec une combinaison Cousteau sur le dos.
La passion ne se commande pas. A 52 ans, ce Normand continue sa recherche pour atteindre les profondeurs du corps et de l'âme.
Quand le moindre bonheur devient ainsi un besoin, il est important de rêver plus haut et parfois même plus bas là où se cache toujours une vérité qu'il faut fouiller et approfondir. Une sorte d'ivresse des profondeurs.

Pascal Pioppi

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